Pour vous faire de la lecture pendant les vacances.
En exclusivité, pour vous cher public! (lol)
Chapitre 6: Un examen et des nouvelles de Darthbal
Thylia courait à pleine vitesse un bâton à la main, laissant derrière elle le portail et les statues qui l'encadrait.
Le jeu était simple: elle devait répondre à des égnimes posées par des élèves plus âgés qu'elle, qui avaient été réquisitionnés pour le test. Si elle réussissait, elle obtenait le lieu de la prochaine épreuve. Son avenir dans cette école dépendait des résultats de ce test.
Un jeune homme l'attendait en haut de l'allée principale. Il était blond roux et la regardait d'un oeil sournois. Elle vérifia qu'il n'était pas armé avant de s'approcher.
Il lui tendit un morceau de papier. Un texte en ancien langage était griffonné dessus.
Cela aurait pu être pire, pensa-t-elle. Elle n'était pas vraiment échauffée et se voyait mal devoir se battre dans l'immédiat.
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Elle avait déjà vu ses symboles, elle en était sûre. Mais où? Dans un livre? Non. L'un de ces deux professeurs lui avait peut-être déjà montré ces inscriptions. Ou peut-être était-ce avec Janci. Si seulement elle était là, cela aurait été beaucoup plus simple...
Bon, se plaindre ne lui servirait à rien. Le dernier symbole signifiait la grandeur. L'avant dernier symbolisait la nature. Souvent l'eau ou le feu...Pour les autres, aucun n'évoquaient un souvenir chez elle.
Le premier entre les deux points servait à exprimer le ton avec lequel l'auteur avait écrit cette phrase. Thylia ferma les yeux. La peur d'échouer dès la première épreuve l'envahît Que deviendrait-elle si elle ne réussissait pas? Non! Il ne fallait pas partir vaincue!!! Elle se mordit la lèvre inférieure, rouvrit les yeux et regarda à nouveau le parchemin.
La voix divine! Oui, c'était sur un ton omniscient qu'avait été écrite cette ligne en ancien langage. Le déclic s'était fait et les souvenirs déferlaient en elle.
"La puissance de la nature rejaillit en chacun de nous, où qu'il soit, qui qu'il fusse. Il suffit d'avoir suffisamment de volonté pour la dompter."
Comment avait-elle pu hésiter? Cette maxime était la devise même du Royaume de Juxtra; elle exprimait tout le respect qu'avait les Juxtrians pour "Mère Nature". Cette adoration était l'un des piliers de cette société.
Sûre d'elle, elle donna la réponse. Le garçon lui sourit:
- D'accord, la suite de l'épreuve à lieu dans le cabanon du jardinier. Bon courage!
- Merci.
Thylia se rendit donc dans le jardin nord, elle entra dans le cabanon, méfiante.
Les instruments posés sur l'une des tables devant elle et les diverses plantes posées sur l'autre la rassurèrent. Derrière la concierge, la regardait avec un fin sourire sadique.
- Allez jeune fille, au travail !
Thylia prit la feuille qu'elle lui tendait et lut le sujet. Il était simple. Un poisson se trouvait dans une des fioles. Il fallait trouvé le volume de l'antidote à fabriquer pour annihiler les effets du poison sans être empoisonné par un excès d'antidote. Il fallait bien sûr le fabriquer. Elle avait deux heures.
Lors de la pause déjeuner qu'il lui était accordé pendant l'examen, Thylia ressortit le livre.
« De l’autre côté de la Ska, deux choix s’offre à vous, mortels. La première voie est gardée par les anges, l’autre est gardée par les ombres démoniaques : Démoniantas.
Chacun des deux corps de garde ont leur envoyé ici-bas. Les envoyés des Démoniantas prennent la forme de chiens. Ils déchiquettent de leurs crocs ou étripent de leurs griffes, l’être qui leur a été ordonnée de tuer.
Les anges n’ont rien de comparable... »
Une main couvrit la suite du texte. Quand Thylia releva la tête, la main lui arracha le livre.
- Les livres doivent restés dans la bibliothèque, mademoiselle !
La concierge ferma le livre et devint d'une pâleur extrême quand elle vit le titre.
- Mais pourquoi... bégaya-t-elle. Je…
- J'ai fini de manger, je peux le rapporter si vous voulez, suggéra Thylia, espérant profiter de son moment de surprise.
- Non, je confisque ce livre ! Sachez Mademoiselle que tout manquement au respect des règles est sévèrement puni ! prévint-t-elle après avoir repris son visage habituellement aimable... D'ailleurs je ne vois pas pourquoi vous lisez ceci !
- Par simple curiosité.
- Vous ne devriez pas perdre votre temps à lire des inepties pareilles !
Elle lui tourna les talons emportant le livre avec elle. Janci, qui avait observé la scène, se glissa entre les tables vers Thylia.
- Toujours aussi aimable celle là ! dit Janci d'un air dégoûté pour réconforter son amie.
- Il faut absolument que je le récupère !
- Ecoute, Thylia, il y avait sûrement des trucs intéressants dedans mais tu nous vois aller le récupérer ?
- Tu as une autre idée ?
Janci resta pensive un moment puis répondit :
- Je crois que de copies de chaque livre ont été faîtes lors du règne de Louis IV dit l'insurgé. Juste avant les guerres de Sécessions, je crois.
- Ne m'en veux pas Janci, mais je ne connais rien à l'histoire des sept royaumes.
- Au deuxième siècle après Jésus Christ, à la mort de son père, Louis IV prit le pouvoir de force à son frère, Philippe XII, qui, étant son aîné, aurait dû régner. Mais après avoir récupérer le trône, son autre frère, Mansart VIII, monta le peuple contre lui. Une guerre civile s'en suivit. Les bâtiments qui faisaient l'orgueil de Royaume furent incendiés. Heureusement pour les historiens, Louis IV avait pressentit la révolte et avait fait copier chacun des écrits précieux.
- Où se trouvent ces copies ?
- Je crois qu'il a été construit sept bibliothèques, une dans chaque région, qui, après la Sécession, sont devenus des royaumes à part entière.
- Nous voilà donc obligé de récupérer l'exemplaire.
Janci soupira de résignation.
- Sinon j'ai une lettre pour toi ; le facteur est passé pendant ton examen, ajouta-t-elle pour changer de sujet.
Elle lui tendit la lettre et Thylia l'ouvrit. C'était une lettre de Midam.
Salut Thylia,
Je dois t'avouer que tu avais raison : être moine c'est carrément pas passionnant. Me lever à six heures pour prier, se priver de repas, prier entre les repas -enfin l'heure où l'on s'assoit autour de la table mais où l'on ne mange pas !-, se coucher après trois heures de prière pour se relever deux fois dans la nuit pour les messes nocturnes...
Le seul intérêt à être ici, c'est d'apprendre le métier de ferrailleur, de pompier et de cuisinier. Le jour où je me sortirai de ce trou, j'aurai au moins le choix. En plus, je pensais que l'ambiance serait calme, mais depuis hier, les Grands Moines (les chefs de chaque monastère) se réunissent et semblent paniques. Et bien sûr, le reste des moines, pauvres petits ignorants que nous sommes, n’avons pas le droit d'être au courant de leurs grands secrets. En tout cas, ils sont restés toute la nuit à prier et à parler à voix basse en fronçant les sourcils. Quoiqu 'il se passe, cela doit être bien grave pour inquiéter ses vieux débris. (Pardon, mon dieu de traiter de la sorte tes plus fidèles serviteurs...).
Je dois aussi t'avouer que je m'ennuie sans filles dans le coin, et je ne suis pas le seul. Les Darthballiens commencent à demander au gouvernement de revoir cette loi, qui bannie la gente féminine. Les bagarres dans les bars se multiplient à propos de ce sujet. Même les discussions à l'assemblée royale s'échauffent. Bon, je te rassure, les murailles du monastère nous protègent de tout acte de violence. Pourtant je sortirai bien de temps en temps rabattre quelques caquets.
Les cloches m'appellent. Je te laisse.
Midam
- Apprenti Moine -
La flèche frappa le sac. La farine se répandit sur le sol comme des flocons de neiges. Une deuxième suivit. Le tissu se déchira un peu plus, une troisième l'acheva. La poudre tomba en un tas compact. Un poignard à lame rouge s'y trouvait enfouit. Thylia s'approcha et le ramassa. A peine l'avait elle touché que deux élèves assez baraqué se jetèrent sur elle, chacun armés d'une petite dague. Thylia esquiva l'attaque. Chaque fois qu'elle évitait une lame, l'autre revenait dangereusement. Elle reculait sans arrêt.
Thylia tenta d’accélérer pour prendre ses adversaires de vitesse, mais ils étaient parfaitement synchronisés et son accélération ne sembla pas les déranger le moins du monde. Elle se retrouva donc, très rapidement dos à un rocher, face au lac. La paroi était froide. Un des deux assaillants trancha les fins cordons qui pendaient de sa capuche. Elle arrêta de son poignard l’autre lame et fit un bond de côté. Mais ils avaient prévus son déplacement. Une fine coupure apparut sur sa joue. Elle sentit une goutte de sang couler. Elle trembla de rage. Une chaleur semblable à celle qu’elle avait ressenti quelques semaines plus tôt l’envahit des pieds à la tête. La pointe de la lame de son arme vibra quand la vague de chaleur l’atteignit. L’expérience étai beaucoup moins douloureuse que la première fois…
Thylia recula pour prendre son élan. Le rocher derrière elle se creusa comme s’il n’était fait que de gélatine. Indifférente, Thylia s’élança.
Ses adversaires restèrent immobiles de surprise. Elle les désarma donc sans effort ; et chacune des dagues volèrent à quelques mètres et s’enfoncèrent dans le sol. Les deux jeunes se regardèrent mutuellement. Quelle conduite adoptée face à elle et ses phénomènes plus ou moins étranges ?
Pour sa part Thylia ne comprenaient rien à leur étonnement à la limite de la panique. L’examen était sûrement terminé maintenant. Elle essaya donc de se détendre. Mais elle n’y parvint pas. Une partie d’elle, lui commandait de rester sur ces gardes.
En effet, quelques secondes après, elle sentit des vibrations dans le sol. A dix mètres à se gauche, la terre trembla. Les aiguilles de pins s’envolèrent quand la terre s’ouvrit. D’une faille d’environ deux mètres, s’échappèrent des volutes de gaz et des langues de feu surgirent. Celles-ci s’entremêlèrent en deux informes boules. La terre cracha ensuite un jet de lave. Il se divisa en deux et retomba sur les boules de feu. Les flemmes orangées brunirent. Seuls deux points restèrent rougeâtres parmi le noir de jais.
Quand les gaz se dégagèrent, Thylia se retrouva face à deux énormes chiens. La chaleur revint en elle avec tant de force qu’elle se sentit étourdie. Ses yeux la brûlèrent. Les voix chuchotantes de la dernière fois se remirent à résonner.
Le premier des deux cerbères se jeta sur elle. Elle recula et sentit à nouveau la pierre froide contre son dos. Elle eut tout de même la présence d’esprit de tenir son arme devant elle, malgré la rapidité de l’attaque. La lame de celle-ci blessa les babine du monstre. De la lave coula.
Un grognement lointain retentit comme des milliers de voix manifestant leur mécontentement. Les murmures que Thylia entendait dans sa propre tête firent écho. Ce n’était pas un rugissement de rage cette fois mais un cri narquois.
Thylia se repris. Elle lança de toutes ses forces son arme sur la patte avant droite de son ennemi. La lame s’y enfonça. Le cerbère hurla. Ecumant de rage, il bondit, toutes griffes sorties. Thylia réagit immédiatement, elle s’accroupit et se concentra.
Elle sentit un choc dans le dos. Des griffes s’enfoncèrent sous sa peau et une queue lui fouette la nuque. Thylia s’arracha à l’emprise du monstre et roula sur le côté. La chaleur se fit moins intense.
La créature était passée par-dessus elle et s’était encastrée dans la roche. Celle-ci était restée malléable jusqu’à ce que Thylia s’en éloigne. La bête se retrouvait donc au trois-quarts prise au piège dans le roc. Seuls les pattes arrières et la queue frémissaient encore.
Thylia reporta son attention sur le deuxième. Elle attrapa l’une des dagues des examinateurs. D’ailleurs aucun des deux ne semblaient remarquer ce qui se passait autour d’eux. Ils restaient simplement immobiles et indifférents. Thylia haussa les épaules ; elle se débrouillera seule.
Le chien de lave recula. Thylia se mit à courir vers lui. Surpris, il recula. La lame frôla tout de même son œil de feu de très près. Thylia en profita pour le contourner et fila droit vers le lac. La bête se remit de sa surprise et s’élança sur ses talons. Elle n’avait pas fait une dizaine de mètres que le cerbère bondit et écrasa Thylia sous son poids.
Face contre terre, celle-ci tourna du mieux qu’elle pouvait son regard vers le chien. Elle voyait ses longues griffes posées sur son dos, mais bizarrement une sorte de revêtement blanchâtre la recouvrait et les griffes n’entaillaient même pas ses vêtements. Elle ne sentit pas non plus le souffle chaud de la bête quand celle-ci tenta de lui déchiqueter la nuque avec ces crocs.
Thylia serra dans sa main le manche de son arme, et soudainement la planta dans le ventre de bête. Elle glapit de souffrance. Elle vit la lave couler à flots. Thylia en profita pour se dégager. Elle se releva et se remit à courir vers le lac. Le cerbère, ivre de douleur, la suivit en zigzagant. Mais même grièvement blessé, il restait rapide et puissant.
Quand elle atteint le lac, Thylia plongea. Le chien démoniaque l’imita. Mauvaise idée ! A peine avait-il effleuré l’eau que la lave qui coulait dans ses veines se solidifia. Quand Thylia ressortit la tête de l’eau quelques mètres plus loin, il ne restait derrière elle qu’une statue immobile au visage haineux.
Trempée, Thylia s’avança vers les jeunes examinateurs. Voyant que tout était finie, elle se détendit. Ses plaies se refermèrent, la plaie béante de la terre se referma aussi; la chaleur surnaturelle quitta son corps. Seules les mèches qui encadraient le visage de Thylia gardaient le souvenir de ce qui venait de se passer. Elles avaient pris la même couleur bleutée que lors de son premier combat.
Le silence qui s’installa devint gênant. Les deux jeux restaient hébétés comme s’ils sortaient d’un long sommeil.
- Où se trouve la suite de l’examen ?
- Je crois que ça suffit pour aujourd’hui, dit une vois nonchalante derrière elle. Je pense messieurs que vous avez bien droit à un peu de repos et des entraînements de rattrapage aussi…
- Elle…Elle a fait un truc bizarre…Elle nous a désarmé comme ça…bégaya vaguement l’un des deux.
Thylia ouvrit de grands yeux. Ils n’avaient pas vus les cerbères ?!? Quand à la réaction du nouveau professeur, il se contenta de leur lancer un regard noir. Ils partirent, sans doute un peu honteux.
Restant seuls, le regard de Thylia et celui de son enseignant se croisèrent. Un silence encore plus gênant que le précédent s’installa. Il se décida enfin à prendre la parole.
- Intéressant mais ça reste à travailler, conclut-il.
- Et les explications, c’est en option ? s’énerva Thylia
Ces sourcils se froncèrent.
- Demain, rendez-vous à sept heures dans le jardin sud.
- Tu ne m’as pas répondu. Que s’est-il passé ? Que me voulait ces chiens ? D’où viennent-ils exactement ? Est-ce que ce sont des Démoniantas ? Pourquoi le rocher est-il devenu mou ? Comment j’ai fait ?
Toutes ses questions restèrent sans réponse. Il avait tourné les talons et Thylia était restée seule.